Pleins feux sur les combustibles pauvres en carbone
Le mazout est de plus en plus souvent combiné avec des sources d’énergie renouvelables. Mais votre système de chauffage familier évolue aussi sur d’autres plans. La chaudière, par exemple, ne cesse d’être optimisée – remaniements qui ont notamment abouti à la création de la chaudière à condensation au mazout et de la chaudière au mazout modulante. Cette dernière adapte continuellement sa puissance à la demande en chaleur. Avec de telles innovations, le secteur répond non seulement à l’intérêt croissant du consommateur pour des solutions de chauffage plus respectueuses de l’environnement et avantageuses, mais aussi à l’objectif de l’Europe d’être parfaitement neutre en carbone d’ici à 2050.
Toutefois, d’autres innovations valent la peine que nous nous y intéressions. Ainsi, les scientifiques planchent actuellement sur le développement de combustibles pauvres en carbone. Ces combustibles offrent les avantages suivants :
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ils sont disponibles en permanence et inépuisables ;
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ils sont faciles à transporter et à stocker ;
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ils sont gages d’une grande autonomie pour l’utilisateur ;
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ils conviennent à votre chaudière et votre cuve à mazout actuelles, moyennant quelques adaptations minimes ;
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ils génèrent moins de particules fines et sont pauvres (voire neutres) en carbone.
Pour l’heure, les combustibles pauvres en carbone ne sont utilisés en Belgique que dans le secteur des transports, mais l’objectif est d’étendre leur application aux dispositifs de chauffage. Regardons-les de plus près !
Quatre types de combustibles pauvres en carbone
Au total, nous pouvons distinguer quatre types de combustibles pauvres en carbone. Trois appartiennent à la catégorie des biocombustibles (le FAME, le Biomass-to-Liquid et le HVO) tandis que le dernier type concerne les e-fuels. Faisons les présentations…
1. FAME
FAME est l’acronyme de l’expression Fatty Acid Methyl Ester ou ester méthylique d’acides gras. Ce combustible est fabriqué à base d’huiles animales et végétales recyclées. Il est donc renouvelable et source d’énergie durable, c’est pourquoi il est mélangé avec du mazout pour rendre ce dernier plus propre. Le FAME présente plusieurs avantages par rapport à un combustible fossile : c’est un combustible inépuisable, biologiquement dégradable, avec une teneur en soufre plus faible et des émissions de CO2 moindres. Le FAME peut même être qualifié de neutre en carbone, puisqu’il n’émet pas plus de CO2 lors de la combustion que pour sa production. Le FAME est disponible en grandes quantités, mais sa consommation se cantonne aujourd’hui principalement au secteur du transport. Plusieurs familles-tests de Belgique et d’Europe se chauffent déjà sans problème avec un mélange de FAME et de mazout, mais la grande révolution en matière de chauffage doit encore avoir lieu.
2. Biomass-to-Liquid (BtL)
Les combustibles Biomass-to-Liquid sont les combustibles pauvres en carbone les plus connus. Ils sont produits à partir de biomasse telle que les déchets d’origine végétale, la pâte de bois, les huiles végétales ou les algues. En compagnie d’une délégation de journalistes et de représentants du secteur, Informazout a ainsi visité les installations d’un projet pilote où sont produits de l’essence, du diesel, du mazout et même du kérosène à partir de paille et de foin.
3. HVO
Le HVO (Hydrogenated Vegetable Oils ou huiles végétales hydrogénées) est produit grâce au traitement d’huiles et de graisses végétales à l’hydrogène, d’où sa dénomination. Aujourd’hui, le HVO est produit et commercialisé en Finlande, aux Pays-Bas, en Asie et aux États-Unis notamment. La grande différence entre ce combustible et le FAME réside précisément dans son traitement à l’hydrogène, qui permet la production d’un combustible alternatif durable à partir d’huiles végétales. De nos jours, une quantité croissante de HVO est fabriquée à partir des déchets et résidus de graisse issus du secteur alimentaire, de l’industrie du poisson et des abattoirs, mais aussi des huiles végétales impropres à la consommation. Le HVO peut non seulement être mélangé à un autre combustible, mais aussi utilisé avec une concentration de 100 % dans les voitures diesel et les chaudières au mazout actuelles. Neutre en carbone, il est synonyme d’une réduction des émissions de CO2 pouvant atteindre 90 % par rapport au mazout classique. Les coûts de production du HVO sont de plus comparables à ceux du mazout.
4. Power-to-Liquid (PtL)
Les e-fuels sont des combustibles synthétiques créés à partir de sources d’énergie solaire ou éolienne. Le « e » présent dans leur nom fait référence à l’électricité verte utilisée pour leur production. Ces combustibles constituent la solution parfaite au problème typiquement rencontré avec les énergies solaire ou éolienne, à savoir la surproduction d’électricité durant les jours favorables et les creux de production lors des journées sombres ou peu venteuses. En cas de surproduction, le surplus d’électricité peut donc être converti sous forme liquide en e-fuel, qui pourra ensuite être stocké et consommé pour se chauffer durablement. Plus concrètement, les e-fuels sont générés en extrayant du CO2 contenu dans l’air et en le combinant avec de l’hydrogène, lui-même extrait de l’eau par électrolyse grâce à l’électricité produite par l’énergie solaire ou éolienne. L’hydrocarbure liquide ainsi créé est, ensuite, raffiné en un combustible liquide.
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Notre blog vous propose entre autres un aperçu des e-fuels et des combustibles d’origine végétale, tels que le HVO.
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En savoir plus sur le dioxyde de carbone ? Nous avons publié un article sur ce gaz à effet de serre important.
Saviez-vous que, pour évaluer l’impact d’un combustible sur l’effet de serre, il faut tenir compte de son cycle de vie complet et non seulement de la combustion finale ? Ainsi, contrairement à une idée reçue, le mazout n’est pas moins bon élève que le gaz naturel.
Se chauffer aux combustibles pauvres en carbon ?
Les nouveaux combustibles liquides s’avèrent très prometteurs pour le chauffage, vu qu’ils conviennent aux chaudières actuelles et ne requièrent pas de profonde modification de notre système d’approvisionnement énergétique (contrairement au chauffage 100 % électrique, qui est irréalisable avec les alimentations actuelles en électricité). La grande percée se fera toutefois attendre : les techniques de production à grande échelle n’étant pas encore au point de nos jours, les coûts de production des combustibles pauvres en carbone restent en effet élevés. Des coûts qui ne devraient toutefois pas tarder à chuter avec la croissance des volumes de production.
Bien que les e-fuels soient déjà fabriqués en laboratoire dans le cadre d’un projet-pilote allemand, les regards se tournent surtout vers le HVO, dont le coût de production est comparable à celui du mazout. L’Allemagne, l’Autriche, la Suisse et la Belgique ont lancé plusieurs projets-pilotes dans des logements équipés de chaudières neuves ou existantes, utilisant soit 100 % de HVO soit un mélange de HVO et de mazout. Ce mélange est de bon augure pour l’avenir, car il permet une transition progressive : plus la disponibilité de HVO sur le marché augmente, plus sa part dans le mélange deviendra importante, jusqu’à la substitution complète des combustibles fossiles par des sources neutres en carbone. Et comme nous l’avons déjà dit précédemment, l’avantage majeur du HVO est que les installations de chauffage modernes ne nécessitent pratiquement aucune modification pour fonctionner avec ce combustible. Les résultats sont d’ailleurs impressionnants :
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Dans un logement suffisamment isolé et équipé d’une installation de chauffage rénovée, dont le combustible se compose à 30 % de HVO, les émissions de CO2 baissent de 80 % par rapport aux émissions initiales.
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En remplaçant 50 % du mazout par du HVO, les émissions de la même habitation diminuent même de pratiquement 90 %.
À court terme, les combustibles Biomass-to-Liquid et Waste-to-Liquid devraient, eux aussi, entrer dans les mœurs.
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Sur notre blog, nous vous expliquons notre préférence pour une transition progressive.
Nous y faisons aussi la lumière sur d’autres avancées décisives pour l’avenir du chauffage. L’internet of things, par exemple, vous offre une meilleure idée de l’utilisation que vous faites de vos appareils (et, donc, de votre consommation d’énergie). L’IoT ne se limite évidemment pas au chauffage, mais permet notamment de développer des lave-linge et des frigos intelligents.
Et en attendant ? Le chauffage hybride…
Bien que l’introduction généralisée des combustibles pauvres en carbone ne soit pas pour demain, il existe d’ores et déjà de nombreuses solutions pour se chauffer durablement au mazout.
Remplacement
Chauffage efficace
Besoin de plus d’informations ? Demandez notre guide « Énergies du futur : les combustibles pauvres en carbone » ou jetez un coup d’œil à notre blog.